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Ce qui tient les lignes

15 novembre 2025 - 15 février 2026
Projet réalisé dans le cadre d’une résidence en commissariat à la Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles

Lieu : Maison Antoine-Beaudry
Artiste : El Panchow
Commissaire : Hanna Zeïda
Agent culturel : David Racette
Techniciennes : Genevieve Simard, Kelly Jordan

Dans Ce qui tient les lignes, l’artiste El Panchow reprend les codes du jeu d’échecs pour réfléchir à nos rapports de pouvoir et à ce qui se joue dans nos relations intimes et sociales. L’échiquier, tel une scène miniature de nos vies, reflète notre monde en tension, entre stratégie et perte de contrôle, force et vulnérabilité. Cette exposition propose ainsi un espace pour questionner nos actions, mais aussi nos inactions. Derrière le plateau se dessinent nos existences, un équilibre fragile fait de doutes et de fatigues, mais aussi de persévérance et d’espoir.

Dans une série de six œuvres, les pièces du jeu deviennent des métaphores. Le cavalier incarne le mouvement d’un peuple sous le poids d’une volonté de co3ntrôle, le roi médite sur la portée de nos choix et responsabilités, tandis que la reine évoque la force tranquille de celles qui portent et donnent la vie. Plus loin, les pions en marche prennent les visages multiples de l’exil, alors que la tour et le fou se font face pour révéler les déséquilibres et tensions qui traversent nos relations amoureuses. Enfin, au centre de béton et de verdure, un bébé repose seul, symbole d’une innocence dans un univers qu’il lui faudra apprendre à naviguer.

À travers ces scènes symboliques, l’artiste interroge la manière dont nous avançons, reculons, chutons ou résistons dans un monde saturé de stratégies et de rapports de force. Les toiles deviennent le reflet d’un échiquier global. Un monde épuisé par l’individualisme, où les corps et trajectoires sont instrumentalisés à des fins politiques, et où les génocides se répètent dans une indifférence devenue systémique.

Alors que reste-t-il de nous quand nous semblons être à la fois joueurs et pièces ? Comment faire entrer la tendresse et l’empathie dans nos relations, abîmées par la fuite et usées par les confrontations ? 








how you fight, how you play
how you bend, how you mend


4 octobre 2025 - 4 janvier 2026
Projet réalisé dans le cadre d’une résidence en commissariat à la Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles

Lieu : Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles
Artiste : Kezna Dalz
Commissaire : Hanna Zeïda
Trame sonore originale : Zach Oskrdal et Boubou
Agent culturel : David Racette
Technicienne : Genevieve Simard, Joelle Blanchette, Jeanne Robichaud

Comment apprend-on à vivre avec ses propres contradictions ? Comment composer avec nos élans de dureté et de tendresse quand ils se bousculent l’un contre l’autre ? Et comment, dans ce chaos intérieur, être avec les autres, habiter le lien sans s’y perdre ?

Dans how you fight, how you play, how you bend, how you mend, Kezna Dalz déverrouille cette multitude d’émotions qu’on ne peut figer. En constant mouvement, elles s’entrechoquent, se superposent, quitte à se déguiser parfois pour nous jouer des tours. 

À travers cette exposition, vous êtes invités.es à entrer dans un espace de vie réinventé, fait de mobilier texturé, de tissus colorés et de silhouettes réflexives. Un lieu comme aire de jeu, de tension et de soin, où le personnel est politique. On y reconnaît des fragments d’intime, des clins d’œil à l’appartement de l’artiste, des objets mondains qui accompagnent et reflètent nos bonds d’émotions quotidiens. On y croise des personnages qui s’affrontent, mais aussi des moments d’empathie, des gestes hésitants de tendresse, des recoins de rêverie.

Là où une dualité semble s’installer, apparaît plutôt une maison d’émotions. Des pièces pêle-mêle, traversées par le désordre, mais où l’on continue de remettre un peu d’ordre, de déplacer les choses pour ouvrir de nouveaux passages. 

Ici, la réparation n’est pas un aboutissement, mais un mouvement continu. Un va-et-vient habillé de vulnérabilité, un apprentissage permanent. 

Kezna ouvre ainsi un terrain où l’on peut plier sans rompre, se confronter sans s’effacer, soigner sans prétendre refermer. Elle rappelle que nous sommes traversés.es par ces forces contraires, et que c’est dans leur mobilité, entre lutte, jeu, pli et réparation, que se dessine la possibilité d’une relation authentique à soi et aux autres.






Crédit photos : Kevin Calixte







De l’arrosoir au cygne 

Projet commun, novembre 2022

Lieu : produit rien
Artiste : Orise Jacques-Durocher
Commissaire : Hanna Zeïda
Aide au commissariat : Sarah Turcotte
Représentant des publics : Yanni Khennache

Comment l’accélération sociale affecte-t-elle la manière dont les artistes utilisent le temps dans leur atelier ? Laisser le médium dicter le rythme de production est-il viable dans une société où la concurrence est virulente ?

L’argile est une matière qui contraint l’organisation spatiotemporelle. Elle tend à inverser le rapport de force couramment perçu entre les artistes et leur médium. Faisant écho aux techniques artisanales, la manipulation de l’argile, comme pratique artistique à la croisée de la poésie et de l’utilitaire, s’inscrit dans une dynamique de décélération qui semble symboliser une forme de désaliénation face aux diktats de la vitesse.

Mais peut-on réellement recycler le temps comme on recycle la matière, l’argile ? Le temps consacré à la production permet-il à l’artiste d’entrer au cœur d’une relation lucide et intime avec ses œuvres ? Prendre plus de temps pour créer moins d’objets est-il compatible avec la compétition et les marchés de l’art ? 

En scrutant les processus intégrés à la pratique de l’artiste montréalaise Orise Jacques-Durocher et la forme esthétisée de son atelier, De l’arrosoir au cygne nous permet de réfléchir à l’ensemble de ces questions.


















Crédit photos : Nicola Kamenovic, Sarah Turcotte







Dos à dos, Face à Face

Mars-avril 2022

Lieu : Institut National Art contemporain
Artistes : Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea & Sarah-Mecca Abdourahman
Commissaire : Hanna Zeïda

« Dos à dos, face à face, donnez-vous la main et changez de place » : ainsi va la comptine que l’on chantait étant enfant. Ce qui n’était auparavant qu’un jeu, revêt étant adulte un sens poétique d’unité et d’appel à mouvoir notre corps pour lui proposer d’autres perspectives. Métaphore de transformation et d’appel au mouvement. L’incarnation d’une dynamique de relation, de passage de soi à l’autre, de mise en flexibilité de nos corps. Une invitation à danser, à jouer, à se déplacer dans l’espace, à habiter autrement.

C’est dans cet esprit que les artistes Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea et Sarah-Mecca Abdourahman nous proposent d’entrer dans leurs univers, de visiter les lieux qu’elles ont bâtis, nourris par leurs héritages et leurs histoires personnelles. 

Le mouvement est multiple. Il peut être physique, bien sûr, mais aussi mental, émotionnel, social, politique. Le corps, même immobile, reste animé par ses mémoires, ses affects, ses tensions. Il garde la trace des luttes, des résistances, des amours, des rêves. Il persiste à se mouvoir, intérieurement ou symboliquement. Peindre un corps, le figer sur un canevas ou dans une œuvre, ce n’est pas le figer pour toujours, mais au contraire lui donner un espace pour exister, être vu, être contemplé. C’est s’accorder la possibilité de l’approcher, de l’écouter, de le comprendre. C’est ralentir pour mieux observer. C’est arrêter le flux pour mieux saisir ce qu’il contient.

Dans leurs tonalités les œuvres de ces cinq artistes ouvrent un dialogue. Elles nous commandent à réfléchir sur la manière dont nous représentons les corps et que racontent ces représentations sur nos imaginaires collectifs. Le geste devient alors un outil de réappropriation, une manière de revendiquer un espace, une histoire, une identité. Il peut être protestataire, décolonial, révolutionnaire. Mais il peut aussi être tendre, joyeux, réconfortant. Un geste d’amour, de jeu, d’invitation à la fête. 

Dos à Dos, Face à Face est ainsi une célébration du corps en mouvement, du lien entre les êtres, de la puissance de l’art comme espace de transformation, de dialogue et de réenchantement.








Crédit photos : Chris S. Mackenzie