Projet commun, novembre 2022
Lieu : produit rien
Artiste : Orise Jacques-Durocher
Commissaire : Hanna Zeïda
Aide au commissariat : Sarah Turcotte
Représentant des publics : Yanni Khennache
Comment l’accélération sociale affecte-t-elle la manière dont les artistes utilisent le temps dans leur atelier ? Laisser le médium dicter le rythme de production est-il viable dans une société où la concurrence est virulente ?
L’argile est une matière qui contraint l’organisation spatiotemporelle. Elle tend à inverser le rapport de force couramment perçu entre les artistes et leur médium. Faisant écho aux techniques artisanales, la manipulation de l’argile, comme pratique artistique à la croisée de la poésie et de l’utilitaire, s’inscrit dans une dynamique de décélération qui semble symboliser une forme de désaliénation face aux diktats de la vitesse.
Mais peut-on réellement recycler le temps comme on recycle la matière, l’argile ? Le temps consacré à la production permet-il à l’artiste d’entrer au cœur d’une relation lucide et intime avec ses œuvres ? Prendre plus de temps pour créer moins d’objets est-il compatible avec la compétition et les marchés de l’art ?
En scrutant les processus intégrés à la pratique de l’artiste montréalaise Orise Jacques-Durocher et la forme esthétisée de son atelier, De l’arrosoir au cygne nous permet de réfléchir à l’ensemble de ces questions.
Mars-avril 2022
Lieu : Institut National Art contemporain,
Artistes : Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea & Sarah-Mecca AbdourahmanCommissaire : Hanna Zeïda
« Dos à dos, face à face, donnez-vous la main et changez de place » : ainsi va la comptine que l’on chantait étant enfant. Ce qui n’était auparavant qu’un jeu, revêt étant adulte un sens poétique d’unité et d’appel à mouvoir notre corps pour lui proposer d’autres perspectives. Métaphore de transformation et d’appel au mouvement. L’incarnation d’une dynamique de relation, de passage de soi à l’autre, de mise en flexibilité de nos corps. Une invitation à danser, à jouer, à se déplacer dans l’espace, à habiter autrement.
C’est dans cet esprit que les artistes Laurena Finéus, Kezna Dalz, Sfiya, Esther Calixte-Bea et Sarah-Mecca Abdourahman nous proposent d’entrer dans leurs univers, de visiter les lieux qu’elles ont bâtis, nourris par leurs héritages et leurs histoires personnelles.
Le mouvement est multiple. Il peut être physique, bien sûr, mais aussi mental, émotionnel, social, politique. Le corps, même immobile, reste animé par ses mémoires, ses affects, ses tensions. Il garde la trace des luttes, des résistances, des amours, des rêves. Il persiste à se mouvoir, intérieurement ou symboliquement. Peindre un corps, le figer sur un canevas ou dans une œuvre, ce n’est pas le figer pour toujours, mais au contraire lui donner un espace pour exister, être vu, être contemplé. C’est s’accorder la possibilité de l’approcher, de l’écouter, de le comprendre. C’est ralentir pour mieux observer. C’est arrêter le flux pour mieux saisir ce qu’il contient.
Dans leurs tonalités les œuvres de ces cinq artistes ouvrent un dialogue. Elles nous commandent à réfléchir sur la manière dont nous représentons les corps et que racontent ces représentations sur nos imaginaires collectifs. Le geste devient alors un outil de réappropriation, une manière de revendiquer un espace, une histoire, une identité. Il peut être protestataire, décolonial, révolutionnaire. Mais il peut aussi être tendre, joyeux, réconfortant. Un geste d’amour, de jeu, d’invitation à la fête.
Dos à Dos, Face à Face est ainsi une célébration du corps en mouvement, du lien entre les êtres, de la puissance de l’art comme espace de transformation, de dialogue et de réenchantement.